Tour du Finistère 2005 : jamais deux sans trois ! ! !

 

« Je ne suis pas superstitieux, ça porte malheur … »

Nous l’avons déjà gagné en 2003 et 2004 ; en conséquence, cette année, c’est plutôt profil bas et personne ne s’autorise le moindre pronostique. Personne, sauf Ouest-France qui titre en pleine page « Patrick Dijoud veut garder son bien ».  Encore un article « rentre dedans » qui est à 1000 milles de nos réelles motivations  sur le Tourduf : se vider la tête pendant une semaine; en mer; le long des plus belles côtes de France : bref, se faire plaisir, sans modération.

 

Jeudi / Vendredi :

Convoyage avec Elisabeth, Patrick et Michel. Comme d’habitude, on souffre : ciré complet, vent dans le nez et moteur. Un vrai plaisir pour les fous. Il y a quand même un superbe lever de lune juste au-dessus du phare de Penmarc’h. Un de ces instants magiques qu’Elisabeth ne parviendra pas à fixer sur son appareil. Comme d’habitude, Pierre nous accueille en début de soirée à l’écluse de Morlaix. Et, pas comme d’habitude, on réussit à obtenir une table dans le super resto du Dourduff. 

 

Samedi :

Réveil au son de Dalida déversé par la sono de 600 Watts du half-ton jaune MEMESTRA (ils ont la forme les champions de 49 ter ! ! ! ! ! !). Pierre qui était avec nous l’an dernier court cette fois avec son Sun Fast 32 IDEFIX un équipage remarqué ! ! !

L’inscription est vite faite puis couscous / tajine avec Didier rencontré au tourduf 2004 suivi d’une sieste avant le pot d’accueil (sous la pluie). Olivier nous rejoint dans la soirée. François sera là demain à la première heure.

 

Dimanche :

Ca y est, c’est parti, 1er départ. Le coup de canon vient de lancer les concurrents de la catégorie côtier (conseil général). Cette année, on a changé de catégorie : précédemment, on était le plus petit de la classe et maintenant, on est le plus gros. Toute la stratégie est à revoir, il va falloir aller vite et finir largement devant pour espérer gagner.

Après un petit bord de largue sous spi lourd, on se lance dans un long louvoyage au nord de l’Ile de Batz puis jusqu’à l’Aber-Wrac’h. Le vent est dans le nez et monte fortement ; on est vite à la peine avec l’inter. A peine le ris pris dans la grand voile qu’il faut passer au foc solent. Le vent monte encore et CHLOROPHILE démâte, j’en ai mal au cœur. Peu après, on croise le First 7.5 de l’YCO qui vient de casser son safran ; décidément cela s’annonce sévère. Ce n’est vraiment pas le temps du Rush et la peur de tout exploser est palpable. Il faut vite finir avant la renverse du courant.   Dans ces conditions difficiles, on finit néanmoins 4ème.

L’escale de l’Aber Wrac’h commence par une séance de couture des voiles suivie de la soirée kikafars (en plein air et sous la pluie) puis un petit baby-foot au « Passagers du vent » pour se sécher un peu, souder l’équipage et garder le moral.

 

Lundi :

Le vent est tombé ; on part au près avec du courant portant, le tout au milieu des cailloux à l’entrée de l’Aber. Nous passons la première marque aux fesses de MAEVA, le super Arlequin vainqueur de la veille. Nous prenons ensuite rapidement la tête et creusons l’écart jusqu’à l’Aber Ildut. Ca y est, on est dans le match, l’équipage a pris ses marques. Plus rien ne nous arrêtera. Le canot de la SNSM vient nous accueillir et nous franchissons la ligne sous spinnaker Banque Populaire Atlantique premier des 110 voiliers du Tourduf. Y-a pas à dire, le temps réel, c’est vraiment super ! ! !

Arriver premier a aussi ses avantages : on s’offre une bonne douche sur le ponton snsm. Ce sera ensuite le Ti punch Damoiseau offert par la Guadeloupe et une première coupe pour GRPRO-Clean alias Pivoine (il va falloir s’habituer à entendre ce nouveau nom).

 

Mardi :

Comme toujours, nous quittons l’Aber Ildut à regret et, comme souvent, le départ se fait dans les brumes du chenal du four. Aujourd’hui, c’est au tour de MAEVA de mener la danse mais lors de la traversée du goulet de Brest nous prenons l’avantage. Puis, à la faveur d’une bonne bascule (et d’un contrôle un peu lâche, il faut le dire), MAEVA reprend la tête pour ne plus la quitter. Le vent monte dans l’après midi avec pluie froide et rafales. On démarre le dernier bord sous spi  lourd puis on renvoi le grand spi mais rien n’y fait, MAEVA remporte la manche et s’installe confortablement en tête du classement général. Nous sommes seconds avec le célèbre WELDOM (l’armagnac de Tanniou) à nos trousses.

La soirée est toujours aussi humide, on s’offre un bon resto ou les gourmandises d’Elisabeth et de Michel sont clairement affichées : désormais, ils seront les responsables incontestés de la nourriture à bord (et c’est sans aucun doute un élément de cohésion important et une des clefs de notre victoire finale).

 

Mercredi :

Les parcours bananes sont au programme mais le vent est instable et le comité nous lance sur un petit parcours côtier. Pour une fois je réussis un super départ mais le vent tombe et la manche est annulée. Sur ce, Météo France envoie un bulletin d’alerte et nous rentrons directement à Douarnenez au moteur. Dur, dur ; il ne reste que la course de nuit et l’ultime régate vers le Belon pour se refaire.

L’escale à Tréboul commence mal avec un maître de port passablement excédé (et exécrable) et se termine bien par un nouveau Ti punch de Guadeloupe, les célèbres sardines grillées et une soirée chaude avec le groupe « Racquam le rouge ».

 

Jeudi / Vendredi :

Lever tardif, préparation de la navigation de nuit et des sandwichs, vérifications et surtout petite sieste après un resto laborieux…

Le départ est retardé et c’est finalement à 18 heures que nous commençons le long louvoyage en baie jusqu’à l’entrée de la rade de Brest. Nous menons la flotte jusqu’à la bouée de la Vieille mais MAEVA nous passe alors sous le vent sans que je ne puisse faire quoi que ce soit : ils ont parfois une vitesse  incroyable ! ! ! On les raccroche à l’envoi de spi et la descente jusqu’au raz de Sein se fait en véritable match-racing alors que la nuit tombe. Le passage à la Plate avec  un fort courant est chaotique et MAEVA s’échappe vers le large. Le spi porte difficilement et le vent tombe, je décide de suivre la route directe un peu décalée au large pour garder MAEVA à vue. Comme dab, 3 dans les bannettes et 2 sur le pont, il faudra être frais au petit matin car le vent tombe de plus en plus. Durant la nuit, peu de voiliers nous ont doublé ; l’aube approche et tout le monde attend le verdict. Finalement, le jour se lève et MAEVA apparaît assez loin à notre droite. Après deux empannages bien négociés, les jeux sont faits, on passe la bouée de Karek-Greiz avec une petite avance. Le comité de course décide alors de réduire à la marque suivante et nous renvoi sur Lesconil directement après la bouée de La Jument de Glénan. C’est donc « gonflés à bloc » que nous creusons l’écart pour finir 1er à Lesconil.

Lesconil, le port de la langoustine nous offre cette année une paella de la mer. Tout le monde est un peu fatigué. Il ne reste qu’une manche et la tension monte : l’écart s’est réduit avec MAEVA  et les suivants sont un peu plus loin. Tout reste donc possible. Néanmoins, il faut non seulement finir devant MAEVA mais aussi intercaler 2 concurrents entre nous : comment faire ? ? ? surtout qu’ils vont aussi vite et ne font quasiment aucune erreur tactique. Sans compter que derrière, les « petits » ratings attendent leur tour et ne laisseront sûrement pas passer leur chance si on se lance dans des options extrêmes.

 

Samedi :

Dernier jour, rendez-vous au Belon. La nuit a été bonne mais piètre conseillère : toujours pas d’idée, à part brûler des cierges… Cà commence bien ! MAEVA fait un excellent départ et nous : on réussit l’exploit de partir dernier ! ! ! Heureusement, on recolle très vite et on passe la bouée de dégagement au cul de MAEVA avec le First 260 PHILIPS à toucher. Les envois de spi sont parfaits et les 3 bateaux sont immédiatement à la lutte. Je réussi à pousser le First sur MAEVA  et nous nous échappons sous le vent en tête de notre classe. Il s’ensuit une belle descente sous spi au milieu des Glénan, puis au large de Concarneau. Le vent monte et le bord de largue se fait sous génois seulement. Le First 260 est impressionnant, il reste proche et gagnera en temps compensé. MAEVA, par contre est distancé et tente le tout pour le tout : ce sont les premiers à renvoyer le spi puis ils décident de passer à l’intérieur de l’île verte. On passe néanmoins la ligne en tête avec une confortable avance. Le spectacle est magnifique car nous sommes au milieu des gros qui nous ont rattrapés. Nous restons près de l’arrivée pour prendre les heures de passage des autres voiliers. La calculette tourne à plein régime car la situation est complexe : nous sommes maintenant certain  de garder notre seconde place au classement général ; mais il apparaît possible de passer premier : il faudrait qu’au moins deux bateaux s’intercalent entre MAEVA et nous. Finalement François et Elisabeth nous livrent un  résultat mitigé : « p’tète ben qu’oui, p’tète ben qu’non ».

La remontée vers Le Belon se fait au milieu des bois ; c’est magnifique et un peu triste à la fois car c’est la fin. On décroche les pavillons et les cagnards. Après une bonne bière bien mérité à terre ; c’est l’attente des résultats en compagnie de Jeannick l’autochtone (équipière du 1er tourduf en 1997). Enfin, le président du comité de course prend le micro et égrène les noms des 5 premiers de la manche du jour : nous sommes second, MAEVA est 4ème ; maintenant c’est sûr, c’est gagné ; GRPRO-Clean remporte le Tourduf 2005 en catégorie «conseil général ». Fantastique ; on n’osait pas y croire. 3 années de suite, c’est vraiment fabuleux. Un petit tour sur le podium suivi de MISS LAUREEN (notre concurrent de l’an dernier) qui remporte dans notre ancienne catégorie et de MATAMOUF OF ROUCOUCOU qui s’offre le trophée 2005. Et que la fête commence ! ! !

Le retour sur Bénodet en fin de nuit sera inoubliable pour Olivier à la barre, Patrick sur le pont et Michel à la bannette (mais l’œil rivé sur son GPS portable).

 

 

 

Merci PIVOINE, merci à Elisabeth, Michel, François et Olivier.

Patrick DIJOUD

 

 

PS : L’YCO se classe 2ème club avec PIVOINE (1er), CORNOUAILLE NAUTIQUE (1er) et AQUARIUS (2ème).

 

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